Depuis toujours, le domaine accueille de nouveaux habitants discrets mais ô combien précieux : les insectes et auxiliaires du jardin. Plusieurs abris naturels ont été construits à la main et installés dans différents coins du jardin, pour offrir un refuge aux perce-oreilles, aux chauves-souris, aux abeilles solitaires et à d’autres petites bêtes utiles.
Cette initiative s’inscrit dans une vraie démarche de jardinage écologique avec le souci de préserver les équilibres naturels. Nous vous présentons ici les quatre abris fabriqués par Cathy : trois petites constructions ciblées, et un hôtel à insectes de grande taille, véritable refuge multifonction pour une diversité d’espèces.
Le gîte à perce-oreilles : un abri simple et ingénieux
Le premier abri que Cathy a fabriqué est un petit gîte à perce-oreilles. Ces insectes mal aimés sont pourtant de précieux alliés au jardin : ils dévorent les pucerons et d’autres ravageurs, notamment dans les rosiers, les fruitiers ou le potager.
L’abri est composé d’un simple pot de fleur, rempli de paille, de foin ou de brindilles, puis suspendu la tête en bas à une branche, une clôture ou même une tige de bambou. Cela crée un petit espace sombre et sec, parfait pour que les perce-oreilles s’y réfugient la journée. On peut le déplacer près des zones infestées de pucerons pour une lutte naturelle et ciblée.
Combien d’enfants — et d’adultes — frissonnent à l’idée qu’il puisse se glisser dans une oreille durant la nuit ? Et pourtant, le perce-oreille est inoffensif, et bien plus que cela : c’est un précieux allié du jardinier. Ce petit insecte, que l’on aperçoit rarement en plein jour, préfère se cacher dans des endroits sombres, secs et calmes. La nuit venue, il part en quête de nourriture. Il se régale de pucerons, de psylles, de petites larves et d’œufs d’insectes ravageurs. Dans les rosiers, les fruitiers ou encore les artichauts, sa présence est un véritable atout.
Une nurserie de chauves-souris sur le toit
On ne les voit presque jamais, ou à peine. Une silhouette furtive, une ombre qui rase le ciel au moment où le jour décline.
Les chauves-souris sont parmi les hôtes les plus discrets du jardin, mais aussi les plus efficaces. Elles passent inaperçues, et pourtant, leur rôle dans l’équilibre des écosystèmes est fondamental. Les chauves-souris, au jardin, sont de redoutables prédatrices d’insectes nocturnes. Elles chassent sans relâche, toute la nuit, au radar. Une seule pipistrelle — l’une des plus petites espèces de chauve-souris en Europe — peut consommer plusieurs milliers de moustiques ou de moucherons en une nuit.
L’abri fabriqué au domaine est suspendu en hauteur, orienté sud-est pour profiter de la chaleur matinale, avec des rainures intérieures pour qu’elles puissent s’y accrocher sans se blesser. Aucun clou apparent, aucune peinture, rien qui puisse perturber leur sensibilité. Juste une boîte de bois, simple et bien conçue, posée là comme une invitation à revenir.
L’abri rustique pour abeilles solitaires
Ensuite, Cathy a imaginé un abri rustique pour abeilles solitaires, ces insectes peu connus mais essentiels à la pollinisation. Contrairement aux abeilles domestiques, elles ne vivent pas en colonie et cherchent des petits refuges pour pondre leurs œufs.
Suspendus entre deux branches, côte à côte, chacun percé de plusieurs petits tunnels, ils ont l’allure sobre et tranquille des choses qui s’intègrent parfaitement à leur environnement. Et pourtant, sous leur apparente simplicité, ces tronçons de bois deviennent de véritables micro-habitats, accueillant toute une vie discrète, patiente, essentielle.
Il favorise bien sûr la pollinisation des plantes environnantes, fleurs, légumes, arbres fruitiers. Mais il offre aussi un super support d’observation. Chaque section accueille sûrement des espèces différentes, selon l’orientation, la profondeur des trous, le diamètre ou la texture du bois. Ensemble, ils forment une petite façade vivante, discrète mais féconde.
Le grand hôtel à insectes
En plus de ces petits abris ciblés, Cathy a construit un grand hôtel à insectes, véritable centre d’hébergement pour auxiliaires du jardin. Il comprend différents étages et compartiments, chacun conçu pour attirer un type d’insecte particulier :
- Tiges creuses (bambous, sureau…) pour les osmies (abeilles maçonnes)
- Pommes de pin pour les chrysopes
- Bûches percées pour les abeilles charpentières
- Paille et foin pour les coccinelles ou perce-oreilles
- Tuiles empilées pour les carabes et autres insectes rampants
Ce type de construction est particulièrement utile dans les zones où les haies naturelles, les vieux arbres ou les abris sous pierres sont rares.
Pourquoi installer des abris pour insectes ?
Les abris construits par Cathy ont une double utilité :
- Écologique : ils favorisent la présence d’espèces utiles au jardinage naturel (pollinisation, lutte biologique).
- Pédagogique : ils permettent d’observer les cycles de vie, de mieux connaître la faune du jardin, et de sensibiliser petits et grands à la richesse du vivant.
Dans un monde où les insectes disparaissent à grande vitesse, offrir quelques refuges est un geste simple mais essentiel.
Quelques conseils pour bien entretenir les abris à insectes
Installer un hôtel à insectes ou des abris , c’est un geste fort en faveur de la biodiversité. Mais encore faut-il l’entretenir avec justesse. Ces refuges doivent impérativement rester en extérieur toute l’année. En effet, c’est au fil des saisons, dans le froid, la pluie ou les premières chaleurs, que les insectes régulent leurs cycles de vie. Parfois, même si les galeries semblent intactes et bien exposées, les abeilles solitaires peuvent délaisser un nichoir autrefois très fréquenté. Il ne faut pas s’en inquiéter. Dans ce cas, il suffit souvent de déplacer l’abri en hiver. Posez le sur un support rigide, à l’abri de l’humidité du sol, pour qu’il retrouve au printemps de nouveaux occupants.
Lorsque l’on utilise des tiges creuses, il est essentiel de les fixer solidement à l’intérieur du nichoir. Si elles sont simplement posées, les oiseaux — notamment les mésanges — ne se privent pas de les extraire une à une. Ils risquent alors de compromettre la ponte ou le repos des insectes. Une goutte de colle à bois imperméable ou un fin grillage à mailles serrées, comme du grillage à lapin, suffit à sécuriser l’ensemble.
Contrairement à ce que l’on trouve dans de nombreux hôtels à insectes du commerce, certains matériaux sont peu attractifs, voire inutiles pour les espèces que l’on souhaite accueillir. Les pommes de pin, les tiges à moelle disposées horizontalement, la paille entassée derrière un grillage, les coquilles d’escargots collées à la colle forte ou encore les briques et les parpaings creux sont bien plus souvent colonisés par des araignées que par des abeilles sauvages. Il est donc préférable de privilégier des matériaux simples, bien secs, non traités, et adaptés aux espèces locales.
Enfin, un point essentiel à ne pas négliger : tous les insectes ne cohabitent pas aisément. Certaines espèces sont prédatrices, d’autres vulnérables. Mélanger au même endroit ceux qui chassent et ceux qui se font chasser revient parfois à transformer l’abri en piège. Si l’on souhaite diversifier les habitants du jardin, mieux vaut alors prévoir plusieurs abris distincts, répartis à différents endroits, afin de favoriser une cohabitation équilibrée. Comme pour toute communauté vivante, c’est l’espace, la diversité des micro-habitats, et une certaine distance qui permettent à chacun de trouver sa place.
En conclusion
Un grand merci à Cathy pour son travail artisanal, minutieux et engagé. Grâce à ces abris, le domaine devient un véritable refuge pour la biodiversité locale, et un exemple concret de ce que chacun peut faire, même avec peu de moyens. Ces constructions simples, durables et esthétiques peuvent aussi inspirer celles et ceux qui veulent créer leur propre coin nature à la maison.
Nous avons pris toutes ces idées dans le livre Hôtels à insectes de Markus Gastl et Mélanie von Orlow. Si vous souhaitez aller plus loin dans la fabrication d’abris, il en regroupe une soixantaine.