Si la nature regorge de trésors végétaux à cueillir, elle dissimule aussi de véritables pièges et plantes toxiques. Certaines plantes, très communes en France, peuvent provoquer des troubles graves, voire mortels, si elles sont mal identifiées. Lors de sorties sur les bords de Loire (Loire-Atlantique), quatre espèces particulièrement à risque ont été observées : le bouton d’or (Ranunculus repens), l’œnanthe safranée et le tamier commun (Dioscorea communis). Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon complet de ces plantes à connaître absolument, pour une cueillette en toute sécurité.

I – Le bouton d’or

Le bouton d’or (Ranunculus repens), ou renoncule rampante, est une vivace des zones humides. Il peut envahir votre jardin grâce à ses stolons qui lui permettent de s’enraciner de pied en pied jusqu’à couvrir de vastes zones. De plus, ses racines sont puissantes et restent bien ancrées dans le sol.

Le bouton d’or forme des touffes de 30 à 90 cm de haut, avec des feuilles découpées, d’un vert vif, et des tiges duveteuses dressées et ramifiées. Ses fleurs jaunes brillantes sont composées de 5 pétales qui forment une coupe de 2 à 3 cm. La floraison se déroule de mai-juin à septembre. Cette petite fleur nectarifère est bien connue des enfants. Et toi, tu aimes le beurre ?

Vue de la plante entière
Fleur vue de face
Feuille basale

Toxicité

Le bouton d’or contient de la protoanémonine, une substance volatile. Cette substance irritante qui provoque des brûlures cutanées, buccales et digestives. Toxique à l’état frais, les animaux savent l’éviter au pâturage, les empoisonnements restent alors très rare. De plus, le bouton d’or perd sa dangerosité une fois séché (dans le foin, par exemple).

En médecine populaire

Le bouton d’or est connu pour ses propriétés analgésique, antispasmodique, et anti-infectieuse; il fait partie des nombreuses
plantes utilisées en homéopathie. Toutefois, à cause de sa toxicité, la prescription est uniquement réservée au corps médical.

Le bouton d’or peut être utilisé par le grand public à travers ses élixirs (fleurs de Bach). Il aide à prendre conscience de ses propres capacités et de sa valeur personnelle. Il apporte ouverture et confiance aux personnes timides et réservées ou qui ne se sentent pas reconnues à leur juste valeur par leur environnement.

Conseil de terrain

Éviter tout contact avec la sève lors de la floraison. Et lorsque la plante n’est pas encore fleurie, attention à ne pas confondre avec des plantes comestibles à feuilles découpées comme le persil ou la carotte sauvage.


II – L’œnanthe safranée

Description

Grande Apiacée vivace, l’oenanthe safranée, (Oenanthe crocata) peut atteindre 1,80 m. Elle possède un tubercule à odeur tenace et nauséeuse lorsqu’il est frais. On la retrouve en abondance dans l’Ouest de la France, en Bretagne et sur la côte Atlantique. Les fossés et prés humides en sont remplis ! Un ruisseau, un sol à humidité constante, un fossé, un marais et elle élit domicile.

Pour la repérer : toute la plante est glabre, c’est-à-dire qu’elle n’a aucun poil. Ni sur les tiges, ni les pédoncules floraux, ni les ombelles et ombellules, les feuilles, les gaines des feuilles ou encore les fruits. C’est donc bien pratique pour la détecter dans les fossés.

Ses tiges sont creuses et ses pédoncules floraux sont fortement cannelés, avec parfois des torsades nettement visibles. Ses inflorescences sont des ombelles d’ombellules (tous les pédoncules des fleurs sont attachés au même endroit et font la même longueur). Les rayons de l’ombelle sont longs et nombreux : on en compte entre 15 et 30. Les fleurs de l’Œnanthe safranée ont des pétales blancs (parfois rosés) légèrement échancrés, 5 étamines rouges et 2 styles blancs qui apparaissent entre mai et juillet.

Elle possède des feuilles finement découpées qui rappellent le persil, et surtout, des tubercules souterrains appelés « navets du diable », qui exsudent un liquide jaune safrané.

Vue d’ensemble de la plante
Ombelle florale
Feuilles découpées

Toxicité

Elle contient de l’œnanthotoxine, un neurotoxique violent. Il exerce rapidement son action toxique en entraînant une hyperactivité des neurones. La dose létale est comprise entre 10 et 20 milligrammes contenus dans 20 grammes de racine. Quelques grammes de racines suffisent donc à tuer un adulte. La concentration d’œnanthotoxine dans la plante est maximale en hiver et au printemps.

L’intoxication par l’œnanthe safranée provoque des symptômes neurologiques (troubles de la vigilance, violents maux de tête, troubles de la sensibilité ou paresthésies), des signes digestifs (nausées, vomissements), des trémulations et des convulsions. Les crises convulsives surviennent une demi-heure à une heure après l’ingestion.

Confusions et conseil de terrain

Ses feuilles ressemblent à celles du persil, les plus vieilles à celles du céleri. Quant aux tubercules souterrains, ils peuvent être confondus avec un navet ou la racine d’une carotte sauvage.

Une astuce du terrain : une Apiacée totalement glabre = danger ! (ce n’est pas une règle absolue, mais un bon réflexe de prudence).

III – Le tamier commun – L’herbe aux femmes battues

Le tamier commun (Dioscorea communis) pousse principalement dans les haies fraîches, les chênaies et le long des bords de rivière. Il fleurit au printemps, entre avril et juin, selon les conditions climatiques.

C’est une plante vivace grimpante, dotée d’une tige fine et souple qui s’enroule autour des supports et peut atteindre jusqu’à 3 mètres de long. Elle survit d’une année sur l’autre grâce à sa grosse racine noirâtre et tubérisée, en forme de navet, qui produit chaque année de nouveaux bourgeons.

Ses fleurs, de couleur vert-jaunâtre, apparaissent en grappes allongées sur les pieds mâles, tandis qu’elles sont plus courtes et clairsemées sur les pieds femelles. La plante donne ensuite naissance à des baies rouges, luisantes et toxiques, de la taille d’un pois.

Les feuilles, disposées de façon alternée le long de la tige, sont cordées (en forme de cœur), luisantes et portées par un pétiole muni de deux petites glandes.

Autrefois, la racine était bouillie puis écrasée pour fabriquer un cataplasme utilisé contre les ecchymoses, d’où son surnom d’herbe aux femmes battues.

Baies rouges toxiques
Fleurs à ne pas confondre avec la Bryone dioïque
Feuilles cordiformes luisantes

Toxicité

Toute la plante est irritante (hormis les jeunes pousses). L’ingestion des baies rouges cause des inflammations des voies digestives et urinaires, des vomissements, des coliques avec diarrhée, des troubles nerveux, cardiaques et respiratoires. Il y aurait des accidents mortels chez les enfants. Elles sont donc à considérer comme toxique. La racine renferme quantité de cristaux d’oxalate de calcium capables de produire sur la peau une révulsion (irritation locale).

Confusions

Le tamier et la bryone se ressemblent, bien que la bryone dioïque, Bryonia dioica, fasse partie de la famille des Cucurbitacées. La bryone est, quant à elle, très toxique. Pour les distinguer, on regarde si la plante a des vrilles pour s’accrocher au support : la bryone est caractérisée par ses vrilles tandis que le tamier commun n’en a pas.

Il ne faut pas confondre l’Asperge des bois (Ornithogalum pyrenaicum), l’Asperge Sauvage (Asparagus acutifolius) et le Tamier commun (Dioscorea communis). Ce sont bien des espèces différentes bien que les noms vernaculaires sont souvent mal utilisés. Ainsi on retrouve régulièrement sur les étals commerciaux des Asperges des bois et du Tamier commun sous le nom d’Asperge Sauvage.

Bilan : Prudence absolue avec les Apiacées (et les jolies baies rouges !)

Ces quatre plantes présentent des risques très sérieux, même à faible dose. L’herboriste averti·e doit apprendre à repérer les signes de toxicité, les contextes à risque (milieux humides pour l’œnanthe, haies pour le tamier…), et surtout à ne jamais consommer une plante mal identifiée.

Et si vous voulez en apprendre davantage sur la reconnaissance des plantes en milieu sauvage, n’hésitez pas à vous inscrire à nos sorties nature !

Sources pour aller plus loin :